Quel DU d’expertise en chirurgie-dentaire choisir ?

La demande de formation en matière d’expertise, en chirurgie-dentaire, augmente : de nombreux praticiens souhaitent gagner en compétences dans ce domaine et, pourquoi pas, devenir expert.

S’ils constituent la référence des formations pour devenir expert, tous les diplômes universitaires (DU) ne se valent pas. L’objet de cet article est de conseiller les futurs étudiants afin de faire un choix éclairé entre différentes offres de formation, en proposant quelques critères de choix.

1. Le lieu de formation

Le lieu de formation constitue – logiquement – le premier critère de choix. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des DU dans toute la France et pas seulement à Paris. Contrairement à ce que l’on pense, le « meilleur DU » ne se trouve pas forcément dans la capitale…

2. La durée de formation

Certains confrères le disent : quelle crédibilité donner à un diplôme d’expertise qui ne se déroule sur quelques jours seulement ?

Comme l’illustre le mot « expert », la formation doit permettre d’acquérir un grand nombre de savoirs qui seront utiles en pratique. Pas à offrir un énième papier à mettre au dessus de son bureau et qui prendra la poussière.

Le rythme idéal est donc 1 à 2 jours par mois sur un an voire, 1 jour par semaine sur deux ans. Privilégier les formations de plus de 100 heures / an.

3. La qualité de la formation juridique

L’expert est un sachant qui intervient à la demande d’un juge (expert judiciaire) ou d’un régleur (assurance responsabilité civile professionnelle). En face de lui, l’expert n’a pas seulement une victime : il a également un avocat qui assiste la victime et un dentiste conseil de victime. Dès lors, son comportement, sa compétence et son impartialité sont scrutées. Suivant le contexte d’intervention (juge civil, administratif, CCI, amiable), l’expert doit respecter des dispositions légales ou des recommandations. À défaut, l’expertise sera annulée. Pire, l’expert risque d’être poursuivi devant les juridictions ordinales si il commet un impair.

Il n’est pas concevable que certains DU abordent succinctement les aspects juridiques de l’expertise. Il convient d’avoir un véritable apprentissage, approfondi, délivré par des experts du droit, qu’ils soient universitaire ou non (et pas seulement des avocats, comme dans certaines formations).

4. La pluralité des intervenants

Comme il a été dit au point précédent, le chirurgien-dentiste expert peut intervenir dans un grand nombre de situations, contentieuses ou amiables. Il est donc important d’avoir des intervenants qui reflètent ces situations : juges (civil et administratif), avocats de victimes, avocats de praticiens, assureurs de professionnels de santé, chirurgiens-dentistes experts judiciaire, d’assurance, conseils de victimes…

Un DU où il n’y a que des chirurgiens-dentistes experts qui font cours est donc à proscrire (pour les raisons 3 et 4). Faire également attention à l’intitulé des cours car il n’est pas rare que plusieurs intervenants abordent les mêmes sujets (redondance des thématiques traitées, ce qui fait perdre des heures de formation). C’est le rôle du responsable de formation de s’assurer que chaque intervenant aborde son sujet et rien que son sujet.

5. Les débouchés

Le praticien qui est intéressé par ces formations doit aussi réfléchir aux débouchés possibles. Côté positif, les praticiens exerçant en province auront plus de chances que les parisiens de devenir expert judiciaire ou d’assurance, puisque la demande est forte.

À l’inverse, les praticiens parisiens devront acquérir un solide savoir pour pouvoir s’inscrire, ou être déjà intégrés dans des réseaux d’assurance pour pouvoir exercer.

Il est préférable, avant de débuter un DU d’expertise, de rencontrer un expert judiciaire et de participer à un grand nombre d’expertises judiciaires et CCI, afin de se faire une idée.

6. DU purement dentaire ou mixte médical / dentaire ?

Il existe des formations entièrement dédiées aux chirurgiens-dentistes et dispensés dans les facultés dentaires, et des formations dédiées à la fois aux médecins et aux chirurgiens-dentistes, dispensées dans les facultés de médecine.

Les formations orientées médecine sont généralement anciennes, denses et bien construites, avec un optionnel dentaire un peu léger toutefois. Quant aux formations orientées dentaires, elles sont plus pertinentes pour notre domaine, mais on perd le bénéfice de rencontrer d’autres praticiens et d’en apprendre plus sur les autres formes de dommages médicaux (accidents de la route, expertise psychiatrique, par exemple).

7. Des DU à proposer ?

Aucun en particulier, mais il est possible d’aiguiller le lecteur avec quelques DU, libre à lui de faire son choix en fonction de ses besoins et attentes :

Le DU Réparation juridique du dommage corporel proposé par l’Université Paris cité : 150 heures, sur un an et demi, mixte médecin / dentistes, très axé médecin conseil de victime et judiciaire. Point fort : aspects juridiques, point faible : optionnel dentaire un peu maigre.

Le DIU Aptitude à l’expertise médicale de la faculté de médecine de Nice (Université Côté d’Azur) : 130 heures sur 1 an, mixte médecin / dentistes, couvre tous les champs de l’expertise.

Le DU Réparation du dommage corporel en Odontologie, proposé par la faculté de chirurgie-dentaire de Nancy : complet, orienté dentaire, intervenants variés et de qualité, encadrement sérieux. Point faible : quelques jours de formation seulement.

Le DU Réparation juridique du dommage corporel de la faculté de Montpellier : formation reconnue, orienté dentaire. Point faible : quelques jours de formation seulement.

Le DU Expertise en médecine dentaire de la faculté de chirurgie-dentaire de Paris Cité (ex P7) : formation avec des chirurgiens-dentistes experts judiciaires et d’assurance reconnus dans leurs domaines. Examen final et rédaction d’un article (revue alpha omega).

N’hésitez pas à solliciter vos confrères qui ont effectué ces formations pour avoir leurs retours !


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